L’autisme masqué : quand l’heure de l’effondrement arrive

Ce mois-ci, plusieurs jeunes que j’accompagne — et comme je l’ai déjà remarqué, vu par le passé —, pour ceux qui ont déjà compensé, surcompensé, que dis-je, il arrive bien souvent le temps de l’effondrement.

L’effondrement, quoi c’est?

Souvent, les familles et les personnes concernées elles-mêmes se posent la question.

On leur parle de dépression… moi, je vous parle d’effondrement autistique, de shutdown.

Cet instant où votre cerveau ne vous répond plus.

Où vous n’avez plus le contrôle — ce meilleur ami de toujours.

Où cette anxiété, qui a toujours vécu avec vous, devient majeure, envahissante.

Elle devient phobie. Elle devient empêchante.

Quand compenser n’est plus possible

Puis vient s’ajouter cette fatigue, cette irritabilité, pour certains.

Mais pourquoi donc, se demandent encore les familles, la personne elle-même ?

Ce n’est juste plus possible de compenser, de faire semblant.

Les stratégies mises en place naturellement ont pris la fuite ; celles qui ont été apprises ne suffisent plus et sont devenues obsolètes.

Tout s’écroule, s’effondre, tel un coup de vent sur un château de cartes.

Ou bien comme des engrenages jadis bien huilés qui se retrouvent complètement grippés.

Diagnostic précoce ou tardif : est-ce la cause ?

Mais alors, certains se posent la question : est-ce lié au retard de diagnostic ?

Personnellement, je ne le pense pas. Et je dirais surtout : ne culpabilisez pas.

Que le dépistage soit tardif ou précoce, quand il y a effondrement, cela ne joue pas forcément.

(Peut-être seriez-vous d’accord ou non avec moi ?)

Mais que ce soit professionnellement ou personnellement, je n’ai pu que constater que cela ne changeait rien.

Identifier et comprendre les déclencheurs

Ce qui est important, c’est de pouvoir identifier le ou les déclencheurs.

Et d’accepter de parler — et d’entendre — que cela peut arriver dès l’enfance.

La santé mentale des enfants reste encore taboue : cela n’arrive pas qu’à l’adolescence ou à l’âge adulte.

Tout au long de notre vie, nous nous construisons, nous évoluons, nous nous adaptons avec plus ou moins de facilité.

La société dans laquelle nous vivons change elle aussi : elle va plus vite, envoie beaucoup d’informations, nous demande toujours plus — et plus particulièrement depuis le Covid.

Et les parents dans tout ça ?

Puis se pose la question : sommes-nous suffisamment à l’écoute ?

Avons-nous suffisamment fait évoluer nos pratiques ?

Souvent, dans cet effondrement, le regard parental, la fragilité du parent, sont peu pris en compte dans ces moments.

Il est donc important, nécessaire, vital, pour la famille d’être écoutée, accompagnée, que les mots puissent être posés, que la culpabilité soit retirée.

D’accompagner vers de nouveaux objectifs de reconstruction, de vie, de nouvelles stratégies évolutives, moins épuisantes pour les personnes concernées, mais aussi en y impliquant leur entourage.

Revenir à soi, autrement

Que notre meilleur ami Contrôle revienne — mieux géré.

Que Phobie l’empêchante redevienne Anxiété maîtrisée.

Accepter ses fragilités, ses changements — ceux que l’effondrement a causés, creusés, ou révélés.

Repartir sur de nouvelles fondations.

Et être capable de déceler les potentielles futures fissures des fondations, pour intervenir plus tôt et consolider de nouveau.

C’est tout ça, l’humain derrière l’autisme masqué.

Ces moments où tout vacille, mais où l’on peut reconstruire autrement, plus justement, plus doucement.

Bienvenue dans mon monde